
Chers amis mélomanes,
Un piano sous les arbres, c’est une fête : un moment où on se rapproche, on communie, tandis que les notes de piano vont se poser sur le feuillage des arbres.
Comment communier avec des règles de distanciation ?
Il est possible d’organiser des concerts en séparant les spectateurs. De vous faire entrer, en rang pas trop serrés, puis sortir, rang par rang, suivre des sens de circulation, tandis que les techniciens désinfectent les touches des pianos et les bonnettes des micros.
C’est possible, mais est-ce souhaitable ? Un piano sous les arbres n’est pas un défilé militaire. La sieste musicale et les concerts sous les étoiles se prêtent mal à la minutie de contrôles de distances entre matelas et grappes d’auditeurs.
Car un piano sous les arbres, c’est une fête de la musique en liberté. On déambule, un verre de muscat de Lunel à la main, on se presse aux terrasses des food-trucks, on grimpe aux arbres, on se succède au piano en libre-service. Régenter tout cela, c’est détruire notre esprit.
Un piano sous les arbres, c’est un festival porté par les services de la commune de Lunel-Viel, des techniciens dévoués, et une quarantaine de bénévoles. Ces derniers virevoltent dans la cuisine étroite, manipulent des centaines d’objets (tables, chaises, sonos, pianos, verres…) dans une joyeuse pagaille organisée. Ils donnent de leur temps pour que chacun reparte du parc de l’Orangerie le sourire aux lèvres. Leur demander en plus de faire respecter un protocole sanitaire draconien, ce n’est tout simplement pas envisageable.
Et puis, il y a votre santé. À l’heure où j’écris ces lignes, on ne sait pas si la fin de la première vague est un soulagement ou un simple répit. L’heure n’est pas à rassembler 11 000 personnes sur un week-end, et de risquer que cette fête des pianos et du végétal devienne un foyer de contamination.
Croyez-moi, j’ai voulu le maintenir : préparé une ébauche de programmation ; retardé le plus possible la prise de décision ; attendu un oracle jupitérien qui nous annoncerait la fin indiscutable de la crise sanitaire. Rien n’y a fait. Alors, avec tristesse, je me rends à l’évidence : il n’y aura pas de piano sous les arbres fin août à Lunel-Viel.
Il n’y aura pas d’ersatz non plus, pour « garder le contact avec le public ». Pas de web festival machin – bidule, de soirée de rattrapage bricolée. Car toute l’équipe du festival en est convaincue : vous serez au rendez-vous pour un festival pleinement déconfiné en août 2021 !
Fabrice Fenoy, Maire de Lunel-Viel et directeur du festival « Un piano sous les arbres »